Membre de l'Union des Clubs de la Presse de France et Francophones

samedi 21 mars 2009

XXIXe CONGRÉS DE L'UCPF Á BORDEAUX - ÉPISODE 2

DU SÉRIEUX, DU SÉRIEUX... ET UN JEU

Comme ils ne sont pas venus à Bordeaux -uniquement- pour voir Alain Juppé (et heureusement, voir l'épisode 1), apprécier le bassin d'Arcachon et goûter les vins locaux, journalistes et communiquants membres des clubs de la presse français et francophones se sont levés tôt vendredi pour une journée de réflexions et d'échanges. Quatre ateliers étaient organisés dans les locaux de l'Ijba (Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine). Au programme: « La vie des clubs » ou « Formation initiale et formation continue face à la polyvalence » le matin; « Crise de la presse: quelle réalité? » ou « De l'influence de la communication sur l'information » l'après-midi.

La directrice de l'Institut, Maria Santos-Sainz, a dit quelques mots de bienvenue aux congressistes avant qu'ils se répartissent entre les ateliers. Une quarantaine de personnes ont participé à celui consacré à la formation, dont Mme Santos-Sainz était la co-animatrice avec Jean-Pierre Spirlet, du quotidien régional Sud-Ouest. « Ce n'est pas une discussion de salon, on peut faire des propositions qui feront avancer les choses » a prévenu celui qui représentait aussi le club de la presse de Bordeaux. Rapidement, le débat a tourné autour des pigistes, qui ont des difficultés à accéder à la formation continue. Maria Santos-Sainz a présenté et défendu les formations proposées par l'Ijba et rappelé les propositions en la matiére des Assises du journalisme, qui se sont tenues en janvier: conforter les cursus de qualité (grâce notamment à des moyens financiers adéquats), recruter en priorité des diplômés (« seuls 23% des journalistes français sont passés par une école »), donner à tous une formation initiale minimale... « Un journaliste doit se former tout au long de sa vie » a plaidée la directrice de l'Institut.

Les débats ont porté sur l'adéquation entre la formation des journalistes (contenu, qualité, uniformité) et les attentes des patrons de presse, entre le nombre de diplômés chaque année et celui des places disponibles dans les différents médias. La définition précise de ce qu'est un journaliste a aussi été réclamée. Les clubs de la presse ont-ils un rôle à jouer dans la formation? Des démarches existent. Faut-il mettre en place des formations validantes avec des écoles de journalisme, constituer des « pôles pigistes » au sein des clubs? Ceux-ci peuvent-ils effectuer, comme c'est le cas en Espagne, une radiographie annuelle de la profession?

Conclusion de ces échanges: il est nécessaire de renforcer les liens entre tous les acteurs (clubs, écoles, sociétés de journalistes...) autour de la formation.


Maria Santos-Sainz, la directrice de l'Ijba, a co-animé l'atelier sur la formation.

Vous reprendrez bien un petit peu de crise? La crise mondiale s'ajoutant à la crise structurelle et conjoncturelle que vit la presse écrite, cet atelier ne pouvait être ignoré. Jean-François Bege (club de la presse de Bordeaux) et Philippe Loquay (directeur de l'Isic Institut des sciences de l'information et de la communication de Bordeaux) étaient chargés de l'animer. M. Bege a commencé par citer Jean Lebrun, dans son ouvrage « Le journalisme en chantier »: « Le journaliste a la tentation d'être le porte-parole de l'opinion, mais il doit être celui de la curiosité publique. Il doit répondre aux questions que les gens se posent ou poser leurs questions, les recenser, s'en faire l'écho. » De nombreux aspects de la crise de la presse, et des médias en général, ont donc été abordés. Les Etats généraux, les coûts de production et de diffusion des journaux, la crise économique, la crise de confiance à l'égard des journalistes, l'absence de remise en question de la part de ceux-ci, le manque de fond de leurs articles, la pression de la publicité, les études marketing sur ce qui plaît au lecteur, les conflits d'intérêts quand le propriétaire d'un titre est un grand industriel dépendant des commandes de l'Etat, l'émergence des blogs, l'information sur les téléphones portables, « l'interactivité envahissante » avec les lecteurs (micro-trottoirs sur tous les sujets), la précarité des pigistes... Constats et pistes de réflexion ont fusé, la salle participant activement au débat.

Jacqueline de Grandmaison (vice-présidente de l'UCPF) a expliqué que les contraintes imposées hier aux journalistes (recouper et vérifier les infos) étaient là pour les obliger à bien faire leur métier, alors que les contraintes d'aujourd'hui (faire vite et beaucoup) vont en sens inverse. « Il faut se battre pour les fondamentaux du métier de journaliste, pour reconquérir les moyens de faire notre métier. »

Jean-François Bege (club de la presse de Bordeaux, à droite) et Philippe Loquay (directeur de l'Isic) étaient chargés d'animer l'atelier sur la crise de la presse.

Et maintenant, un petit jeu. Jeudi soir, les congressistes ont été reçus par la mairie de Bordeaux. Vendredi soir, par le Conseil général. Du pareil au même? Pas si sûr. Voici les deux réceptions passées au banc d'essai.

Cadre: après les salons de la mairie (Second empire?), son jardin, ses dorures, ses statues (voir l'épisode 1), voici une cathédrale moderne et un peu froide, livrée il y a quelques mois, toute de verre et d'acier, de surfaces planes. La modernité, sans doute efficace et impressionnante, manque de cachet et de personnalité. Avantage mairie.

Hôte: jeudi, on avait annoncé le maire et ancien Premier ministre (UMP) Alain Juppé. On a eu Hugues Martin, adjoint au maire et ancien premier magistrat. Vendredi, c'est Martine Jardiné, conseillère générale (PS) du canton de Villenave-d'Ornon, qui a accueilli les congressistes. Même pas vice-présidente du Département, elle est en charge... des personnes handicapées et des personnes âgées. Vexant. Avantage mairie.

Discours: jeudi, Hugues Martin a convoqué les grands noms: Chaban, Montesquieu, Montaigne, Mauriac. Cliché, mais efficace. Emmanuel Claverie (vice-président de l'UCPF) et Florence Bord (présidente du club de Bordeaux), moins inspirés, se sont contentés de quelques mots de remerciements. Vendredi soir, Martine Jardiné a donné plusieurs définitions flatteuses du métier de journaliste, « métier essentiel à la connaissance du monde »; les journalistes ont pour rôle de « mesurer le juste impact de ce qui est entrepris » par les élus. Florence Bord, inspirée par les ateliers, a rappelé que « Etre une force de proposition était l'un des buts des clubs de la presse et de l'UCPF. On a des choses à dire, des idées à faire entendre. Les clubs doivent être des vigies de la profession ». Quant au président de l'UCPF, Karl Sivatte, il a souligné que « l'UCPF dépasse les limites d'un club de convivialité », qu'il doit en effet être « force de proposition »: « plus question de regarder sans faire! » « On ne travaille pas pour nous, mais pour les peuples. Il faut rester des vigies pour faire barrage à la pwofitasyon! » Avantage Département, sans aucun doute.

Orchestre: les musiciens de jazz de la mairie n'étaient que trois, contre huit joueurs de cuivres au Conseil général. Oui, mais le trio swing est resté durant toute la réception, et non une vingtaine de minutes. Et il a réussi à faire danser la présidente du club de la presse de Bordeaux. Avantage mairie.

Buffet: copieux, varié, raffiné en mairie, avec de délicieux macarons au dessert. Moins copieux, moins varié, moins raffiné au Conseil général. La majorité départementale est apparemment moins gauche caviar que gauche sauciflard. Mais en tant de crise, comment la blâmer? D'autant que de mini-canelés, le dessert local, s'ajoutaient ici aux macarons! Avantage Département.

Verdict: la mairie l'emporte sur le score de 3-2. Le maire peut rester droit dans ses bottes.


Au banc d'essai, la réception organisée par le Département (ici la conseillère générale Martine Jardiné) a été battue par celle de la mairie.

Le président de l'UCPF Karl Sivatte a fait un discours inspiré à l'hôtel du Département.

Texte et photos: Sébastien Dudonné

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